Travailler en Nouvelle Zélande : le fruit picking

par Lise/Les Baroudettes

Vous avez un Permis Vacances Travail à l’étranger ou vous souhaitez tenter l’aventure ? Alors attendez-vous à voyager bien sûr, mais aussi à travailler ! Et pourquoi ne pas travailler dans le fruit picking ? Même si vous pensez avoir les moyens de vadrouiller sans compter, croyez-moi, les mésaventures peuvent vite arriver. Si ça vous intéresse, je vous raconterai nos péripéties vécues en Nouvelle Zélande dans un autre article. 

Vous pouvez bien entendu essayer de chercher un boulot dans votre domaine de compétences mais la plupart du temps, les backpackers optent pour la facilité et choisissent des jobs de serveurs ou de fruit pickers. Après vous avoir présenté les infos utiles, je vous raconterai plus en détails notre ressenti durant la cueillette de fraises, de pommes et de kiwis. 

Je n’ai pas pris le risque d’aller travailler avec mon appareil photo. J’ai photographié à la sauvette notre quotidien dans les vergers avec mon téléphone, le but de l’article est avant tout de vous partager mon expérience.

Le fruit picking, c’est quoi ? 

La Nouvelle Zélande est réputée pour ce qu’on appelle le fruit picking, c’est-à-dire la cueillette de fruits et/ou légumes dans les vergers, selon les saisons. C’est un secteur d’activité privilégié par les baroudeurs puisqu’il est très facile de trouver un job rapidement. Aucune compétence particulière n’est requise et il ne faut pas nécessairement parler anglais. Ah si, la motivation et la force mentale sont primordiales ! C’est accessible à tout le monde certes, mais préparez-vous à un rythme de travail intense. 

Il existe différentes activités dans le fruit picking
  • Le picking consiste à ramasser les fruits dans une sorte de sac positionné devant vous et tenu par vos épaules. Une fois ce sac rempli, il faut déposer les fruits/légumes dans des caisses en bois appelées « bin » dont la capacité est une d’une centaine de kilos. 
  • Le packing consiste à trier, ranger, porter les fruits ou cagettes de fruits au fur et à mesure de la récolte dans un bâtiment dédié à l’emballage des produits. C’est un job où l’on travaille à l’intérieur. Clairement, c’est du travail à la chaîne, ne soyez pas surpris.
  • Le prunning consiste à élaguer les arbres fruitiers pour favoriser la future récolte à venir. Cette activité vient après le picking et packing. Il s’agit en fait de couper les vieilles branches et de les ramasser pour que le lieu soit propre et que la pousse soit la meilleure possible, et le rendement aussi of course.
Motueka, Île du Sud

Les démarches 

Munissez-vous de votre numéro IRD (Inland Revenue Department), votre Relevé d’Identité Bancaire d’une banque locale, votre Visa en cours de validité et c’est tout. Ensuite, armez-vous de votre courage pour démarcher au sein des vergers, avec une simple question comme « Hello, are you looking for some workers ?”, vous trouverez rapidement. Parfois même la veille pour commencer le lendemain, ou le jour même ! Il faut être au bon moment et au bon endroit. 

Comment travailler dans le fruit picking : où chercher ?

Ne vous inquiétez pas, trouver un job là bas c’est simple comme bonjour, surtout si vous êtes véhiculés. Si vous ne l’êtes pas, vous trouverez des annonces affichées dans des auberges qui hébergent des travailleurs étrangers pendant les saisons de récolte. Nos principales sources d’information ont été les groupes Facebook tels que « Français en NZ » et « Job in New Zealand », quelques sites locaux ou encore le bouche à oreille. Vous pouvez aussi trouver des offres dans les journaux. Certains sites locaux sont très pertinents. Vous pouvez effectuer une recherche selon la saison, la région et aussi en fonction des vergers en pénurie de travailleurs. 

Voici une petite liste de sites où vous pourrez trouver des offres d’emploi : 

Rémunération

Deux possibilités s’offrent à vous, vous allez soit être payés à l’heure ou alors au rendement. Renseignez-vous bien sur les termes du contrat. Le rendement se traduit par un prix fixé par bin (caisses) remplies par jour. Le but étant bien évidemment d’en remplir un maximum. Le salaire minimum en Nouvelle Zélande est de 17,70 $NZ de l’heure, en dessous vous êtes sous-payés et votre employeur vous mène en bateau.

Où loger ?

Pour le logement, plusieurs alternatives s’offrent à vous. Ça dépendra surtout de votre façon de voyager, si vous avez un van ou non. 

  • Backpackers / auberges : c’est la solution la plus courante si vous n’êtes pas véhiculés et si vous souhaitez avant tout faire des rencontres. Bon, je préfère vous prévenir il faut aimer ou du moins s’adapter à la vie en communauté. Ce n’est pas de tout repos, surtout avec le rythme de travail !
Backpacker Rotten Apple, Hastings

 

  • Airbnb proche du verger : Vous êtes véhiculés et vous aimez votre tranquillité et/ou souhaitez rencontrer une famille locale ? Vous pouvez trouver un Airbnb non loin du verger dans lequel vous travaillez. 
  • Freecamp : Grâce à l’application Campermate sur votre téléphone, vous pouvez localiser tous les campings gratuits dans les environs de la zone souhaitée. Cette appli est vraiment géniale ! Par contre, les emplacements pour les vans sont très prisés par les voyageurs/travailleurs… En plus, c’est rare qu’il y ait beaucoup de place, surtout si il y a un beau spot ! 
  • Squat sur un terrain près du verger : Il est possible que votre employeur vous laisse gratuitement un espace proche du lieu de travail, histoire de passer des nuits tranquilles. L’endroit est souvent élémentaire avec des toilettes nauséabondes. Mais si votre but est de vous “sacrifier” une petite période pour regonfler le porte-monnaie, c’est une bonne alternative. 
Airbnb
Freecamp spot

Conditions de travail du fruit picking

  • L’ambiance est généralement plutôt cool selon les vergers pour lesquels vous travaillez. Il s’agit d’un lieu de rencontre idéal pour les voyageurs étrangers qui souhaitent discuter et partager avec les autres. Malgré la fatigue, la solidarité est un atout et les liens se tissent facilement. 
  • Les horaires de travail sont réguliers au début de la saison puis deviennent de plus en plus aléatoires au fur et à mesure, selon la météo et la quantité de fruits à récolter. Les journées sont chargées, c’est plus ou moins 8h de travail par jour en général, ça dépend de la décision du superviseur sur place. Je ne veux pas vous effrayer mais nous avons déjà bossé 11h dans une journée ! 
  • Météo : Les jours de pluie sont considérés comme des day-off. Tant mieux, parce que faire du picking sous la pluie c’est d’autant plus pénible entre les feuillages, les gouttes sur le visage, les fruits qui glissent entre les doigts, de la boue… Je vous laisse imaginer le tableau ! Par contre, les journées ensoleillées sont agréables même si les gouttes de sueurs dégoulinent Ah oui, priez pour ne pas avoir de canicule, c’est horrible !
Le jour se lèèèèèèèèèève 🎶

Comment s’équiper pour travailler dans le fruit picking

Pour commencer, procurez-vous impérativement de la crème solaire, un chapeau anti-UV qui protège la nuque ou une casquette. En Nouvelle Zélande, le soleil agresse la peau beaucoup plus vite à cause d’un trou dans la couche d’ozone, le saviez-vous ? 

Si vous faites du picking, venez en tenue décontractée et mettez des vêtements auxquels vous ne tenez pas trop, vous allez forcément les salir ou les trouer. Vous vous rendrez vite compte que les manches longues vous éviteront des petites griffures sur les bras à force de faire des va-et-vient dans les feuillages pour cueillir le fruit. Prenez des bonnes chaussures solides et épaisses, un bonnet et des gants pour les matins frais et une gamelle pour le midi sont à prévoir chaque jour. Ensuite vient le fameux imperméable qui vous sauvera de l’hypothermie pendant les jours de pluie. Même si a priori, on ne travaille pas quand il pleut. 

Bref, oubliez totalement la fashionista qui est en vous, privilégiez l’aspect 100% pratique !

🍓 Strawberries picking 

Île du Nord, Auckland, Papatoetoe – Perry’s Berry’s – Janvier 2018

Les fraises se trouvent à même le sol et bizarrement on a tendance à vouloir les ramasser debout, mais rien de pire pour se tuer le dos. On a expérimenté une autre technique qui s’avère plutôt efficace. Il s’agit de se mettre en tailleur et d’avancer en traînant les fesses au fur et à mesure. Une rangée vous est attribuée, c’est assez démoralisant de voir la longue ligne qui paraît interminable. Non seulement il faut faire attention à ramasser les “belles” fraises mais il faut en plus explorer les feuillages de fond en comble pour ne pas en oublier. Sinon gare aux reproches des superviseurs. Tout ça en allant vite !

Pour mesurer le rendement, on vous donne des bandelettes avec un numéro qui vous est propre, que vous devez mettre sur chaque bannette remplie. À la fin de la journée, un récapitulatif est fait pour voir si vous êtes far too slow, too slow, average, nearly picker ou confirmed picker. Nous ne sommes pas du tout abrités, alors quand il pleut et que les supérieurs décident de ne pas interrompre le travail, ce n’est pas de la tarte. 

Petite anecdote

C’était notre tout premier jour de travail et mon cher compagnon a oublié les couverts pour manger notre gamelle. Et bien sûr, il pleuvait à torrent. Je revois la scène où nous étions assis les fesses dans la boue sans pouvoir manger… J’étais partagée entre la colère et le rire tant la situation était pitoyable !

Que vous soyez assis ou debout, le travail est très long et épuisant. Les horaires commencent généralement très tôt pour éviter les chaleurs de l’après-midi, entre 6h-6h30 quand le soleil se lève pour terminer vers 14h-14h30, des fois plus. Souvent, on craquait pour une glace à la fraise dans la boutique de l’entreprise, en guise de récompense. 

Selon les entreprises, le niveau de surveillance peut être poussé à l’extrême, c’est-à-dire que des superviseurs passent leurs journées à vous surveiller en fumant des cigarettes. C’est leur job. Ils vous font même des réflexions si vous parlez trop ou si vous oubliez de ramasser des fruits. Alors que dans certaines, il ne peut y avoir qu’un seul superviseur, cela dépend aussi de la taille de l’entreprise.

🍎 Apple picking 

Île du Nord, Hawkes Bay, Hastings – Sunfruit – Février/Mars 2018

Nous savions que Hawkes Bay est une région qui nécessite beaucoup de travailleurs pendant la saison de récolte. Mais nous avons atterri dans cette entreprise grâce au bouche à oreille. Bizarrement, nous étions les seuls étrangers avec une autre française à travailler dans ce verger. Du coup, j’étais quasi la seule nana entourée de beaux bébés qui viennent des îles environnantes (Tonga, Fidji, Samoa). 

La cueillette des pommes est différente des fraises mais n’est pas moins physique. Tu dois manipuler une échelle avec un sac devant toi, tu as clairement l’impression d’être une femme enceinte et tout le poid est supporté par tes pauvres petites épaules. Le travail commence tôt, à l’heure où blanchit la campagne, vers 7h en gros, puis c’est parti pour une journée de 8h ou plus. 

A priori, tu es censé être rémunéré au rendement. Mais comme le boulot est difficile et que notre expérience dans le milieu est quasi nulle, on avait la chance d’avoir un contrat à l’heure. Pourquoi la chance ? Au moins, on n’avait pas la pression de devoir remplir un nombre précis de caisses en bois de 350 kilos de fruits pour pouvoir gagner le salaire minimum. 

Le supervisor nous indique au fur et à mesure les allées dans lesquelles on doit ramasser les pommes. Il nous indique aussi quels fruits sont à ramasser : bien rouges, pas de coups, pas vertes au niveau de la tige ni en dessous, patati patata…ils sont exigeants ! 

Et l’ambiance alors ?

Ce n’était pas facile tous les jours mais heureusement les supervisors et nos “collègues” des îles étaient super sympas avec nous. Au premier abord, on ne s’est pas sentis super à l’aise tant ils sont imposants et leurs regards intimidants. Mais on s’est vite rendus compte que ce sont de vrais nounours ! Pendant les pauses, on avait le droit à notre petite tasse de thé. En plus, ils chantent à tue-tête pendant la cueillette et vont à une vitesse folle. Alors que nous, on était au bout de notre vie…

🥝 Kiwi picking

Île du Sud, Tasman, Motueka – Horrell’s Farm – Février/Mars 2018
Île du Nord, Bay of Plenty, Te Puke – Mai 2018 

La Nouvelle Zélande est le premier pays producteur et exportateur de kiwis du mondeNous avons travaillé dans les vergers de kiwis en deux temps. La première fois, c’était avant d’entamer notre road trip sur l’île du Sud. La deuxième fois, c’était à la fin de notre voyage sur l’île du Nord dans la région de Bay of Plenty. Avant de partir de Nouvelle Zélande pour renflouer les caisses. 

Pour le picking, il s’agit du travail le moins pénible que nous ayons fait, même si il est tout de même épuisant. Vous portez toujours le fameux sac devant vous et la cueillette se fait de haut en bas car les allées forment de grands arches. C’est physique quand même parce que vous êtes amenés à faire des squats pour ramasser les kiwis d’en bas. Et les bras sont constamment sollicités pour faire tomber les kiwis dans votre sac ! À la différence des pommes, il faut ramasser absolument TOUS les kiwis, même s’ils sont encore durs. Et si vous tombez sur des mous, n’hésitez pas à les manger !

L’ambiance est plutôt bonne, vous pouvez communiquer avec les autres sans vous faire gronder ! Vous avez énormément de chance de rencontrer des étrangers (et beaucoup de français) qui travaillent pour les mêmes raisons que vous. En plus, c’est assez facile d’avoir un bon rendement. On peut espérer avoir entre 20 et 25€ de l’heure pour les plus motivés, pas mal non ? 

Au diable le prunning !

En revanche, ce n’était pas si “plaisant” quand on a fait du prunning. Une fois de retour sur l’île du Nord en mai, la saison touchait à sa fin c’est pourquoi il fallait élaguer les arbres avant l’hiver. Je peux vous dire que j’ai appris à manier le sécateur à merveille et le baume du tigre fut mon plus fidèle ami tant j’avais mal… Nous n’avons pas tenu très longtemps car il fallait vraiment avoir de l’expérience pour être payé convenablement. 

BILAN DE CETTE EXPÉRIENCE 

J’espère que cet article vous aura donné envie de travailler dans les vergers même si j’ai pas mal insisté sur le côté épuisant.  Franchement, ça reste une expérience enrichissante où l’on peut faire de belles rencontres et où vous pourrez gagner pas mal de pépettes. Nous n’aurions probablement jamais vécu ce genre d’expérience si nous n’étions pas à l’autre bout du monde…

Sachez qu’un travail bien fait est la satisfaction d’une bonne journée et la perspective d’un voyage enflammé ! Maintenant, c’est à vous de jouer ! Enfin, de travailler… No pain no gain comme on dit !  💪

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Domaine du propriétaire depuis le verger

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